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Affichage des articles du avril, 2020

Le délire (1)

       J'attends l’ascenseur les poings serrés cachés. Je ne dois pas sortir mes mains. On ne doit pas les voir. Je ne dois pas les voir. Cache tes mains. Elles disparaîtront. Personne ne pourra les voir. Se couper les mains. Tous nous couper les mains. Les mains parlent trop. Les mains jacassent comme des pies moqueuses. Je cache mes mains. Cache tes mains. Mes mains ses seins. Ferme les yeux, tu ne t'entendras plus. Ferme les yeux les rimes s'éteindront. Mes mains ses seins reins train trou rat rase écrase crasse race ! Cache tes mains, elle se taira. Tout le monde silence. Cache tes mains la bouche cousue. La porte de l'ascenseur s'ouvre. Des blouses. Des femmes des hommes du monde. Je cache mes mains. On ne doit pas les voir. Pourvu qu'ils cachent leurs mains. Pourvu pourvu ! Mon cœur bat, les oreilles sifflent ce putain d'air à la con. Mon cœur bat comme un train trou rat rase écrase crasse race ! Je respire comme me l'a appris Mme P. Je respire...

L'angoisse (2)

     Je hais mon angoisse, je l'étriperais, je l'étranglerais, lui ferais la peau avec autant de plaisir que celui qu'elle semble prendre à me torturer. Je la hais plus que tout au monde. Elle peut faire de ma vie un enfer. Elle détruit. Elle anéantit parfois. Elle me tue à petits feux. Je la hais et ma colère ou ma rage, tout dépend de l'énergie qu'il me reste après son passage, voudrait la supplicier jusqu'à absolue disparition. Même plus de cendres. Même plus un grain d'une quelconque poussière. Qui peut avec honnêteté ne pas se dire amer, furieux et exaspéré par son angoisse ?       Pourtant, certaines rencontres et la vie permettent de faire de mon angoisse une autre que celle que je hais. Je peux réussir à l'observer par l'autre bout de la lorgnette. Chaque fois, je sens que le chemin est dur pour retrouver cet autre regard. Chaque fois, il l'est de moins en moins. Le temps est ici mon ami. Je dois m'y laisser bercer et il m'a...

L'angoisse (1)

      L'angoisse prend et le monde mute. L'interne, le soi, organes et peau. L'externe, tout ce qui vit autour. Rien ne se ressemble. La barque tangue. La nausée envahit et jamais ne vomit. La bouche se ferme. Les mots s'effacent.     Je sens mon corps se crisper. Il ne se tient plus. Ou plutôt de guingois, comme inadéquat, un puzzle mal assemblé. Il n'a plus vraiment forme humaine. Je sens que tout mon corps pourrait se distordre, se dérange, se défait, tout son ordre en péril, un n'importe quoi asphyxiant. Tous les rythmes débattent, discordent. Tous les nœuds se délient et ne reste qu'un fil, dans ma tête, dans ma volonté d'être vivant. Et je cesse de respirer pour ne rien casser du minime équilibre qui demeure.  L'étau approche qui rit de ses deux pinces crénelées. Il se gausse d'avance. Le sadique prend tout son temps. Mais déjà, je l'ai dit, déjà je ne respire qu'à petites gorgées craintives. Il est inexorable et moins je res...