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Confiance en soi et déconfiance

  Ce texte plonge jusqu'au fond du manque de confiance en soi. Nous en remonterons dans le prochain texte. Pour l'instant, il s'agit d'identifier ce qui se passe et jusqu'à quelle extrémité peut se répandre cette fragilité. Tout cela dépend bien sûr de chaque individu. Chacun y trouvera ce qui lui ressemble dans tout ou partie des éléments ci-dessous. Je ne peux pas L’échéance approche. Je me sens trembler de plus en plus fort. Comme des décharges de temps à autre qui font vibrer des pieds à la tête en plein milieu de tout autre chose, en m’endormant, en rêvassant. Des trous d’air, des turbulences où l’impensable s’insinue. Je ne pourrai jamais y arriver. Je n’en suis pas capable. Une montagne que je ne peux gravir. Je n’ai pas les outils, pas les mains pour. Je suis impuissant. Presque comme un enfant qui n’a jamais appris, qui n’aurait jamais fait. Quel que soit la réalité concernant le nombre d’expériences. Et en effet, je perds pied d’avec la réalité et ...

Le délire (1)

       J'attends l’ascenseur les poings serrés cachés. Je ne dois pas sortir mes mains. On ne doit pas les voir. Je ne dois pas les voir. Cache tes mains. Elles disparaîtront. Personne ne pourra les voir. Se couper les mains. Tous nous couper les mains. Les mains parlent trop. Les mains jacassent comme des pies moqueuses. Je cache mes mains. Cache tes mains. Mes mains ses seins. Ferme les yeux, tu ne t'entendras plus. Ferme les yeux les rimes s'éteindront. Mes mains ses seins reins train trou rat rase écrase crasse race ! Cache tes mains, elle se taira. Tout le monde silence. Cache tes mains la bouche cousue. La porte de l'ascenseur s'ouvre. Des blouses. Des femmes des hommes du monde. Je cache mes mains. On ne doit pas les voir. Pourvu qu'ils cachent leurs mains. Pourvu pourvu ! Mon cœur bat, les oreilles sifflent ce putain d'air à la con. Mon cœur bat comme un train trou rat rase écrase crasse race ! Je respire comme me l'a appris Mme P. Je respire...

L'angoisse (2)

     Je hais mon angoisse, je l'étriperais, je l'étranglerais, lui ferais la peau avec autant de plaisir que celui qu'elle semble prendre à me torturer. Je la hais plus que tout au monde. Elle peut faire de ma vie un enfer. Elle détruit. Elle anéantit parfois. Elle me tue à petits feux. Je la hais et ma colère ou ma rage, tout dépend de l'énergie qu'il me reste après son passage, voudrait la supplicier jusqu'à absolue disparition. Même plus de cendres. Même plus un grain d'une quelconque poussière. Qui peut avec honnêteté ne pas se dire amer, furieux et exaspéré par son angoisse ?       Pourtant, certaines rencontres et la vie permettent de faire de mon angoisse une autre que celle que je hais. Je peux réussir à l'observer par l'autre bout de la lorgnette. Chaque fois, je sens que le chemin est dur pour retrouver cet autre regard. Chaque fois, il l'est de moins en moins. Le temps est ici mon ami. Je dois m'y laisser bercer et il m'a...

L'angoisse (1)

      L'angoisse prend et le monde mute. L'interne, le soi, organes et peau. L'externe, tout ce qui vit autour. Rien ne se ressemble. La barque tangue. La nausée envahit et jamais ne vomit. La bouche se ferme. Les mots s'effacent.     Je sens mon corps se crisper. Il ne se tient plus. Ou plutôt de guingois, comme inadéquat, un puzzle mal assemblé. Il n'a plus vraiment forme humaine. Je sens que tout mon corps pourrait se distordre, se dérange, se défait, tout son ordre en péril, un n'importe quoi asphyxiant. Tous les rythmes débattent, discordent. Tous les nœuds se délient et ne reste qu'un fil, dans ma tête, dans ma volonté d'être vivant. Et je cesse de respirer pour ne rien casser du minime équilibre qui demeure.  L'étau approche qui rit de ses deux pinces crénelées. Il se gausse d'avance. Le sadique prend tout son temps. Mais déjà, je l'ai dit, déjà je ne respire qu'à petites gorgées craintives. Il est inexorable et moins je res...

Auto-mutilation (2) : La délinquance silencieuse

       Bien entendu, et c'est à cela que l'on pense en tout premier lorsqu'il est question d'auto-mutilation, il s'agit de se blesser. Pas tant de se faire mal, d'avoir mal que de s'attaquer. Il est moins question de souffrir que de faire prendre corps à son agressivité. La colère fait rage, le désir de guerre tourne en rond dans la tête et le corps. Le corps prend une part très importante dans ce qui anime psychiquement ici. L'émotion, on le sait, prend racine dans le corps. Elle s'y ancre, y pousse, y fleurit. Le corps est son terreau et rien ne l'en détache. L'on croit souvent dans notre culture très française, très cartésienne, j'entends grande héritière de Descartes et de sa séparation crue de l'âme et du corps, que le psychique n'a que peu de chose à voir avec le charnel. L'auto-mutilation est la plus belle illustration de cette intrication puissante entre esprit et corps. Le psychisme pris dans une colère noire, dans ...

Auto-mutilation (1) : naître et renaître

Sentir, éprouver qui l’on est constitue parfois le combat de toute une vie. Vain ou pas. C’est en tout cas de nos jours un combat que nombre d’entre nous mènent. Rien d’extraordinaire à cela. L’éternelle quête philosophique de soi qui prend souvent dans la modernité la forme d’une recherche sensitive. Voire sensationnelle. Sentir, éprouver quel corps l’on habite et qui est ce corps est encore une autre affaire, sans doute bien plus propre à nos temps contemporains. Certains, que l’on pense nécessairement adolescents, mais qui ne le sont pas toujours, loin s’en faut, meurtrissent ce corps, l’attaquent, en guerriers impitoyables. Se mutilent comme on dit. Nous reparlerons par la suite de cette violence. Mais il y a d’abord cette recherche de sensations. De sens, nous y revenons. Toujours. Ne nous égarons pas pourtant.         Certains, hommes, femmes, adolescents, enfants aussi dans des contextes psychologiques spécifiques, ont perdu ou n’ont jamais senti, resse...

Schizophrènes

         L'humain est ainsi fait qu'il met des gens dans des cases. Il n'est ici pas question de faire la morale. C'est un constat. On peut s'en désoler ou en faire une force, cracher dessus ou faire preuve d'indulgence. Envers soi-même en premier lieu. C'est une nécessité de pensée, du moins en début de vie que de mettre les gens dans des cases. L'expression est fâcheuse mais la réalité pas aussi bête. On fait de belles catégories dont on est fier et ça nous aide à vivre. Tous, autant que nous sommes faisons cela. Ah non nous ne vivons pas dans une société de castes, encore heureux ! Ah ah ? Nos castes sont secrètes, intimes, tues. Mais elles sont bel et bien là, tout au long de notre route. Elles ne tombent pas du ciel. Nous croyons que nous n'en avons plus car nous ne es subissons plus. Mais nous les construisons, habilement, mystérieusement, nous mystifiant nous-mêmes.              Qui peut dire que jamais ô gr...